Récit de mon PBP 2015 (1/2) – Paris-Brest
Jour J -1 (samedi 15 août)
Nous sommes arrivés hier soir chez ma cousine à Brueil en Vexin un peu fatigués, étant rentrés la veille au soir (minuit!) de La Rochelle où nous gardions notre petit-fils, Charlie pendant que ses parents travaillaient (700 km de voiture en 2 jours, ce n’est pas trop l’idéal, mais il faut faire avec). J’espère faire une bonne nuit avant le départ demain dimanche.
Nous nous sommes rendu ce matin, mon cousin et moi à Saint Quentin pour les formalités d’usage, présentation du vélo, dossard, inscription de la voiture accompagnatrice. Nous avons bien fait d’y aller tôt car la file de concurrents était déjà longue, mais malgré tout, cela passe assez vite, et nous pouvons rentrer pour 12h30. Nous allons maintenant nous détendre, manger tranquillement et faire une petite promenade cet après-midi prévue au château de Villarceaux.
Jour J (dimanche 16 août)
Autour du vélodrome, c’est l’ébullition et ambiance de fête. Que de vélos… Nous sommes arrivés tôt mais le temps passe vite. Tout juste un bonjour vite fait à l’ami Michel Mingant qui, vu sa tête reposée, va sans doute nous faire une bonne perf (et ce sera le cas : 43h10). Un bref coucou à mon fils, Olivier qui arrive avec son sac à dos pour m’aider en tant qu’accompagnateur et c’est déjà l’appel des groupes (Je suis dans le groupe C qui doit partir à 16h30).
16 heures, premier départ, 16h15 c’est le tour du groupe B. C’est maintenant mon tour. Nous nous avançons sur la ligne de départ, le temps d’un petit coucou à mes deux suiveurs, Olivier et Gilbert, GO… c’est parti.
Premières sensations… pas très bonnes, mais comme je m’y attendais, cela part très vite. Tout le monde est un peu nerveux et j’ai hâte de sortir de la région parisienne avec ces changements de direction incessants. Arrive maintenant la plaine, et nous commençons à rattraper des concurrents partis dans les deux groupes précédents. Les dépassements, avec les voitures arrivant en face s’avèrent parfois dangereux, et provoque à un moment donné la chute de plusieurs cyclos. J’évite de justesse en faisant une dizaine de mètres dans le fossé, ouf, je ne suis pas passé loin. Nous filons toujours bon train vers les collines du Perche, qui vont peut-être en calmer quelques uns. Avec l’approche des bosses, je suis moins à l’ouvrage que dans ces lignes droites à n’en plus finir, qui ne sont pas trop ma tasse de thé.
Il est 20h30 et j’arrive, en compagnie d’un gros peloton à Mortagne avec une heure d’avance sur mon planning… Est-ce bien raisonnable? 35 km/h de moyenne. Il va falloir calmer le jeu. 5 minutes d’arrêt, le temps de refaire le plein des bidons et d’avaler un sandwich, c’est reparti pour Villaines-la-Juhel, où j’ai prévu un arrêt un peu plus long.
Mortagne – Villaines-la-Juhel (dimanche 16 août)
C’est reparti, mais beaucoup se sont arrêtés, besoin de souffler sans doute. Fini les gros pelotons et ce n’est pas plus mal. Moins de danger. Après quelques kilomètres seul, un petit groupe se forme qui roule encore à vive allure, alors, je décide de rester dans les roues et de laisser les francs tireurs devant. Etape sans problème particulier. J’arrive à Villaines-la-Juhel à 23h30 au lieu de 00h15 prévu sur ma feuille de route et je suis encore à 30 km/h de moyenne. Arrêt 15 min. Le temps d’un nouveau sandwich et d’une petite soupe et à 23h45 je repars pour Fougères.
Villaines-la-Juhel – Fougères (lundi 17 août)
Au cours de cette étape nocturne, rien de spécial, sauf que sentant la fatigue arriver, j’ai décidé de la faire à ma main, et de ne pas suivre ceux qui iraient trop vite pour moi. Je suis quand même surpris de n’apercevoir que quelques concurrents de ci de là et de faire ce trajet pratiquement seul d’un bout à l’autre. C’est seul aussi que j’arrive à Fougères, où malgré l’heure tardive attendent quelques copains du coin, en particulier Daniel, mon compagnon de 2011. Il est 02h45 et je suis dans les clous par rapport à mon plan de marche.
Le temps de serrer quelques mains d’avaler une petite soupe, de refaire le plein de nourriture et de boisson, après une ½ heure passée ici, il est temps de repartir pour Tinténiac. Un quart du parcours effectué, il est 03h17, c’est reparti.
Fougères – Tinténiac (lundi 17 août)
Etape sans histoire où après un départ et un début d’étape seul, je réussi à réintégrer un groupe du côté de Saint-Hilaire-des-Landes, ce qui me permet de faire une bonne moyenne. La nuit est fraîche mais je me suis bien habillé et ne souffre pas du froid. J’arrive à Tinténiac à 05h13 avec une heure d’avance sur ma feuille de route et le moral est au beau fixe. Olivier et Gilbert m’ont préparé un bon café bien chaud ainsi qu’un sandwich qui passe comme lettre à la poste, mais je ne m’attarde pas. Autant garder cette heure d’avance sur mon planning. Il est 05h30 lorsque je remonte sur mon vélo, en route vers Loudéac…
Tinténiac – Loudéac (lundi 17 août)
Etape où je ne suis jamais seul, mais pendant une bonne moitié du parcours, personne ne me relaie. C’est ainsi que dans la côte de Bécherel constatant que j’ai un paquet de sangsues collées à ma roue, je décide de monter rapidement. Le résultat ne se fait pas attendre et ne reviennent que les plus costauds, c’est-à-dire trois, dont un grand gaillard de près de 2 mètres qui de temps à autre consent à me donner un coup de main, ainsi qu’un jeune qui n’est pas trop avare de ses efforts. Nous sommes 4 depuis le lever du jour du côté de Quédiac, dont un de Lamballe qui ne prend aucun relaie (Je ne peu m’empêcher de le lui faire savoir). Après Saint-Meen-le-Grand, nous rattrapons un bon groupe et recevons presque en même temps du renfort de l’arrière. Ce qui nous permet de souffler un peu, et rallier Loudéac sans problème. Il est 08h40 et j’ai toujours mon heure d’avance, mais la fatigue commence à se faire sentir.
Sur place, je prends le temps d’un bon café accompagné de quelques parts de gâteau. Une douche était prévue, mais nous verrons plus tard, autant garder mon heure d’avance avant Carhaix, surtout que je crains un peu cette étape en centre Bretagne, que j’avais trouvé la plus dure en 2011. 09h08 et c’est reparti.
Loudéac – Carhaix (lundi 17 août)
Oui, c’est reparti, mais je suis au ralenti, scotché dans toutes les bosses et incapable de suivre quiconque qui me rattrape. Je me doutais bien, vu le départ depuis Paris, que cela devait arriver. Quoi qu’il en soit, il me faut gérer ce « coup de moins bien », et continuer d’avancer. Malgré tout, l’étape ne se passe pas si mal, je retrouve un peu de jambes au fur et à mesure que les kilomètres passent et réussi même à garder mon heure d’avance au terme de cette étape. Il est 12h12 à Carhaix où j’ai l’intention de prendre le temps d’un bon repas.
Mes comparses, Olivier et Gilbert ont dressés la table. Au menu, steak haché avec pâtes, fromage, fruits, gâteaux, et pour finir café et chocolat, ce qui devrait me retaper avant d’aborder l’étape suivante, qui ne sera pas tendre non plus. Un petit regret, pas de douches, fermées pour midi, mais un ¼ d’heure de perdu pour rien. Je repars pour Brest à 13h24 ayant entamé la moitié de mon capital avance, mais il le fallait, je ressentais un grand besoin de souffler.
Carhaix – Brest (lundi 17 août)
Me voila reparti en compagnie d’un couple d’ardéchois qui roulent à allure modérée, ce qui me convient, car dès le départ de Carhaix, je sens que je n’ai pas trop de forces. Bientôt, à la faveur des kilomètres, nous formons un petit groupe qui aborde les premières pentes qui nous mènent jusqu’à Roc Trévezel, où m’attend mon copain de Plougonven, René ainsi que sa femme Marie-Thé. Le temps d’un petit bonjour, et je repars en compagnie d’un bon groupe qui arrive, et que je n’ai pas envie de laisser filer. Après la longue montée des Monts d’Arrée, c’est la longue descente vers Sizun où nous croisons le groupe de tête sur le trajet retour, puis Sizun Brest, un peu plus vallonné où cette fois, je croise un groupe où figure deux copains du pays, Jean-Louis et André qui sont partis pour réaliser une perf.
En ce qui me concerne, je suis à nouveau dans le dur, et à la faveur d’une bonne côte entre Sizun et Brest, je ne peux suivre le groupe et me retrouve seul pour rallier Brest. C’est aux portes de la ville que je suis rattrapé par Hervé Pontais, un collègue de Parigné. Nous finissons cette étape ensemble par une côte interminable nous menant au lieu de pointage, en plein centre ville de Brest. Km 620. Ouf… nous sommes à la moitié mais le plus dur reste à faire.
Il est 17 heures et j’ai encore ½ d’heure d’avance sur mon planning mais je sens que cela va être dur de garder ce petit bonus, vu mon état de fatigue. Quoi qu’il en soit, je prends le temps de manger un bon sandwich avec saucisses + une banane et je repars n’ayant pas envie de m’éterniser à Brest, où l’accueil est vraiment bien ordinaire. Le temps d’enfiler des vêtements chauds pour la prochaine nuit et je reprends la route à 17h32 : il ne me reste plus qu’un ¼ d’heure d’avance sur mon tableau de marche. Direction Guipavas.
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