Récit de mon PBP 2015 (2/2) – Brest-Paris

Brest – Carhaix (lundi 17 août)

Départ encore une fois laborieux. Pas facile cette route jusqu’à Landerneau et Sizun, le plus souvent en portion montante, que j’effectue seul, jusqu’à ce qu’un groupe d’une vingtaine d’unités me rattrape avant d’aborder la longue montée nous menant à Roc Trévezel. Ce qui n’est pas fait pour me déplaire, à condition de basculer avec eux au sommet des monts d’Arrée. Je pourrais ensuite aborder la descente sur Carhaix avec le groupe, ce qui devrait me faire gagner du temps. Mais alors que j’ai bien suivi sans trop de mal, à la faveur d’une côte avant Carhaix, je ne peux suivre le groupe, et fini à ma main les derniers kilomètres qui me séparent de cette ville. Il est 21h05 lorsque je me présente au pointage. J’ai encore ½ heure d’avance sur mon planning, mais je compte m’arrêter pour un bon repas chaud et peut être dormir un peu.
Olivier et Gilbert m’attendent et ont dressés la table, mais d’un commun accord, vu la fraîcheur qui tombe nous décidons d’aller prendre un bon repas en salle. Manger au chaud me fera du bien. J’ai le plaisir de rencontrer là-bas deux anciens louvignéens, copains de vélo de jeunesse, ce qui nous ramène aux années 70 et à nos débuts de coureurs cycliste (Les frères Doudard, Jean-Yves, qui habite Angers et son frère Patrick qui vit en Martinique depuis de nombreuses années).
Le repas terminé, je décide, comme prévu d’aller me reposer un peu sous la toile de tente dressée à même le trottoir, mais là, nous avons tout faux… Trop de bruit, nous sommes garés sur une voie de dégagement, où passent et repassent les véhicules sans discontinuer et, dans ces conditions, il est impossible de fermer l’œil. Il aurait été plus judicieux de nous éloigner un peu, ou de rouler une heure de plus jusqu’à Saint-Nicolas-du-Pelem, comme me l’avait suggéré un concurrent au cours de notre repas, mais je n’en ai pas eu le courage et au bout d’une heure, ne pouvant dormir, je décide de reprendre la route, me disant que finalement, dans ces conditions, autant rouler. Malgré tout, c’est une heure de perdue pour des prunes. Il est 1 heure du matin lorsque, grelottant je reprends la route vers Loudéac. J’aurais passé 2 heures ici, beaucoup de temps de perdu et un gros retard pris sur ma feuille de route. Je me doutais bien que je ne pourrais tenir les 56 heures, mais moins de 60 heures est encore envisageable. Allons-y, nous verrons bien…

Carhaix – Loudéac (mardi 18 août)

Comme pour l’étape précédente, un petit peloton me rattrape assez tôt après Carhaix, ce qui me permet, sur ces petites routes du centre Bretagne où nous croisons continuellement des groupes de concurrents sur le trajet aller, de ne pas à avoir à chercher ma route, et de rallier Loudéac sans histoires. Mais, que la nuit est fraîche… Je grelottais dans toutes les descentes et exceptionnellement j’étais content de monter des bosses. 780 kms au compteur, il est 5 heures et le jour ne tardera pas à venir maintenant. Je m’arrête un petit ¼ d’heure pour me ravitailler, rajouter des manchettes par-dessus ma veste, car je crains le froid au lever du jour, avant de repartir vers Tinténiac.

Loudéac – Tinténiac (mardi 18 août)

Il est 05h17 lorsque je reprends la route vers Tinténiac et ce n’est pas les grosses chaleurs. A cette heure matinale, Les landes de Menez ne sont traversées que par des cyclistes. Des bancs de brouillard se forment, qui jettent un froid quand on entre dedans. J’ai de très bonnes jambes en ce début d’étape et j’en profite pour rouler. Nous sommes plusieurs mais tous un par un, les uns derrière les autres, séparés parfois seulement par une cinquantaine de mètres. Cette étape n’est pas très dure, à part le passage avant Becherel, mais, ai-je été trop prodigue en début d’étape? Après Quedillac je me fais lâcher du petit groupe que j’avais intégré du coté de Saint-Meen-le-Grand et n’ai plus qu’à continuer seul jusqu’à Tinténiac. Je passe tant bien que mal la côte de Saint-Pern avant de rallier Tinténiac vers 9 heures, avec le soleil qui pointe le bout de son nez… Ce n’est pas trop tôt.

Tinténiac – Fougères (mardi 18 aout)

Le temps d’avaler un petit déjeuner copieux, 09h24, il me faut repartir vers Fougères où j’arrive en terrain connu. Etape sans grandes difficultés, à part la côte de Vieux-Vy. Je roule seul au cours de cette étape, personne à l’horizon, jusqu’à Feins où un groupe de copains viennent à ma rencontre et m’escortent jusqu’à cette côte de Vieux-Vy, où je ne peux malheureusement les suivre, n’ayant plus beaucoup de forces. Marc Buffet, un copain cycliste de longue date décide de m’accompagner jusqu’à Fougères et je lui en suis reconnaissant, car je n’ai vraiment plus rien dans les chaussettes. Après Romagné, nous sommes stoppés par un accident. Un cycliste participant à ce PBP s’est fait renverser par une voiture et cela à l’air sérieux. Ce qui donne à réfléchir. Une telle épreuve, avec son nombre important de kilomètres ainsi que d’engagés n’est pas toujours sans danger (Nous apprendrons, d’ailleurs le lendemain, le décès d’un participant du côté de Loudéac, victime d’une crise cardiaque). Je suis content d’arriver à Fougères, les ¾ du parcours effectués. Il est 11h43, j’avais prévu ici le petit déjeuner, mais vu mon retard, c’est le déjeuner tout court que je vais prendre.
Inutile de vous dire que je suis accueilli comme il se doit. Mon frère Gilbert, Marie-Annick, la plupart de mes copains cyclistes, les membres du club. Il me faut poser pour la traditionnelle photo souvenir, sans trop perdre de temps. J’ai envie d’une bonne douche (la première depuis le départ) d’un bon repas, et pourquoi pas, d’une petite sieste, Tant pis pour le temps, nous verrons plus tard. Il me faut recharger les batteries.
Douche donc, puis repas en compagnie des deux Gilbert (mon frère et mon cousin), d’Olivier, et Marie-Annick, ma belle-sœur (Petite contrariété au passage, mais qui se réglera le temps venu). Puis, en route pour une petite sieste d’une ½ heure qui me fera le plus grand bien. Il est 13h30 quand Olivier vient me réveiller, je dormais profondément et n’ai même pas entendu mon portable sonner.

Fougères – Vilaines-la-Juhel (mardi 18 août)

Il est 13h50 lorsque je reprends la route. J’aurais passé 2 heures à Fougères… Mais il me fallait souffler, j’en avais besoin. Si je me base sur 2011, je repars à peu près à la même heure, donc rien d’alarmant, je suis encore sur de bonnes bases. Passage délicat dès le départ avec pas moins de 4 côtes jusqu’à Mont-Romain. Gilbert et Marie-Annick m’attendent du coté de Laignelet pour prendre des photos afin de les mettre sur le site de la SCTL. Je m’arrête un instant, le temps d’un petit bisou.
Il fait assez chaud et lourd, ce qui ramolli les guibolles, de plus j’ai une soif de loup et je dois refaire le plein de mes bidons déjà vides avant Gorron. Je profite d’un petit stand monté par un bénévole, qui, tout content de me voir, s’empresse de me remplir mes bidons et au passage, me propose une part du cake qu’il a confectionné lui même… Très bon son cake.
Le temps de ce petit arrêt, je suis rattrapé par 4 allemands bien costauds, roulant à bonne allure. Belle aubaine, je n’ai vu personne depuis Fougères. Ces grands gaillards ne me demandent même pas de les aider, alors, je reste dans leurs roues, jusqu’à Ambrières où ils stoppent pour acheter du ravitaillement. Je continue seul jusqu’à ce qu’ils me rattrapent de coté de Lassay. Je me replace dans leur sillage, car j’apprécie leur compagnie ainsi que leur façon de progresser sans à-coup, ce qui me convient parfaitement.
Dans la descente vers Hardanges, l’un d’entre eux est victime d’un problème mécanique. Je continue donc seul, Villaines n’est pas loin. 12 kms que j’effectue vitesse grand-V. Bizarre… Depuis Fougères, je n’ai pu monter aucune côte que sur le 39 dents, ces derniers kilomètres avant Vilaines, je passe tout grand plateau. Aurais-je retrouvé des ailes ?

Villaines-la-Juhel, il est 17h50, toujours le même accueil et les applaudissements de la part d’un public nombreux. J’ai hâte de retirer mes chaussures, la plante des pieds me brûle. Il me faut aussi manger copieusement avant la dernière nuit où je ne m’arrêterais peut être pas beaucoup.
Les gens sont très sympa ici, ce qui nous donneraient envie de rester. On me propose un petit massage, et je ne peu résister. Alors là c’est le top! Pris en main par deux personnes, jambes, dos, cervicales… La totale quoi. Pour un peu, je me serais endormi sur la table de massages, et quel bien fou… Je peux vous dire que cela retape son homme.
C’est frais et dispo que je reprends la route vers Mortagne aux alentours de 18h40. J’aurais passé presque une heure ici, mais je ne le regrette pas.

Villaines-la-Juhel – Mortagne au Perche (mardi 18 août)

Départ un peu laborieux. J’essaie de rattraper deux dames devant moi, mais elles vont trop vite, je dois les laisser partir. Quelques concurrents me dépassent de temps à autre, chacun roulant seul, à son rythme. Depuis le départ de cette étape, mon portable n’arrête pas de sonner, je stoppe même un instant dans le bourg Saint-Paul-le-Gaultier voir si ce n’est pas Olivier qui essaie de me joindre. J’apprendrais plus tard que c’était ma nièce, Virginie, qui tenait tellement à m’encourager, ainsi que mon pote, Jacky de Bellême qui veut s’informer de mon heure d’arrivée à Mortagne.
Après Fresnay-sur-Sarthe, ce sont 30 kms de lignes droites. De loin en loin devant moi j’aperçois quelques concurrents, tous un par un. A l’approche de Mamers, la nuit commence à tomber et le frais qui va avec. Il ne va pas falloir que je m’attarde, car je suis en collant et maillot manches courtes.
Je ne traîne pas non plus, et comme pour le final de l’étape précédente, à partir de Mamers, je retrouve des jambes de feu, et rattrape même une partie ceux qui m’avaient devancé précédemment. C’est sur cet élan que j’aborde la longue montée de Montagne, n’en faisant qu’une bouchée. 1100 kms au compteur, il est 22h30, on avance. Il me reste, en gros 140 kms à parcourir, mais de nuit. J’espère ne pas les faire seul. Si tout va bien, je peux encore espérer rallier Saint Quentin vers 04h00 demain matin, et faire moins de 60 heures.

Mortagne-au-Perche – Dreux (mardi 18 août)

23h07, je repars avec un petit groupe, en majorité des italiens. J’ai de bonnes jambes et c’est moi qui le plus souvent assure le rythme dans les longues côtes entre Mortagne et Longny-au-Perche. Avec un des italiens sur vélo couché, nous prenons même quelques centaines de mètres sur le reste du groupe, et c’est collé à la roue de ce concurrent que je traverse pleine balle le bourg de Longny. Mais une dizaine de kilomètres plus loin, à Moutiers-au-Perche, plus de balisage. Nous ne sommes plus sur la bonne route et descendons plein sud vers Nogent-le-Rotrou. J’ai suivi cet italien ainsi que le reste du groupe dont j’aperçois les éclairages à quelques hectomètres derrière nous.
Le piège… Je demande alors ma route à un automobiliste qui m’indique, dans 3 km à gauche, La-Madeleine-Bouvet. Tout le monde suit, sans trop de conviction. Arrivé au pays, pas trop d’indications, tout le monde hésite, alors je fais un petit tour plus loin. Le temps de chercher un peu, revenu à l’entrée du village, plus personne, je me retrouve seul, et à ce moment, au lieu de consulter ma feuille de route, j’ai l’intime conviction l’on doit passer par La-Ferté-Vidame, alors qu’il faut passer par Senonches, ce qu’a fait le groupe qui a du partir à droite, (8 kms en plus) tandis que je pars à gauche pour remonter plein nord. (13,500 kms en plus). Il aurait été plus judicieux de les suivre…
Je remonte donc vers La-Ferté-Vidame, inquiet, ne voyant ni cycliste ni balisage, et pour cause… mais convaincu que je dois y arriver, ayant fait cette route 15 jours plus tôt en me rendant à Brueil-en-Vexin en compagnie de Daniel Manceau, en préparation de ce PBP.
Je rejoins Dreux et son atmosphère glauque à 03h43 du matin… Au-delà de mes 13,500 kms de rallonge, j’ai perdu énormément de temps dans cette affaire. Du temps et beaucoup d’énergie. Olivier et Gilbert qui m’attendent, frigorifiés dehors depuis ¾ h ne comprennent pas, quand je leur dit que j’avais de supers jambes : ma moyenne n’est que de 16,500 km/h!

Dreux – Saint-Quentin (mercredi 09 août)

Juste un petit ¼ heure d’arrêt, le temps de me ravitailler un peu, d’enfiler une troisième veste (cette troisième nuit sans dormir est en plus très froide. 9 degrés à Dreux) et je repars pour ce qui doit être une petite étape sans trop de difficultés, si ce n’est de bien faire attention au balisage. Cette étape s’averera être une galère…
Quelques concurrents ça et là me rattrapent. J’essaie de prendre leur roue sans trop de succès. Je constate que c’est chacun pour sa pomme. Un de ceux là même, me voyant accroché dans sa roue, m’intime de lui prendre le relaie, pour mieux me flinguer quelques hectomètres plus loin.
Je continue donc seul, la fatigue est bien là, si bien que dans la côte de Gambaiseul, je zigzag et manque de tomber tellement je fais du surplace. Il m’arrive même, quand j’ai un cycliste en point de mire, de le voir double en superposé. J’arrête un instant pour ôter ma paire de lunettes, me disant qu’elle en est peut-être la cause, mais avec ou sans, le résultat est le même.
Il est 07h13 lorsque je rallie le vélodrome de Saint Quentin… Ouf! J’arrive épuisé et content d’en avoir terminé. 3h13 pour faire cette dernière étape, aurais-je été beaucoup plus loin?

Conclusions

Heureux d’en avoir terminé avec ce Paris-Brest-Paris 2015, qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Sentiments mitigés, je suis passé par des moments de plaisir, voir euphoriques, (la fin d’étape avant Vilaines, comme celle entre Mamers et Mortagne où je ne sentais pas les pédales, ainsi que la totalité de l’étape Mortagne–Dreux, où malgré mon erreur de parcours, j’ai vraiment pris du plaisir à rouler). Mais il y a eu aussi les moments difficiles (Après Loudéac et surtout Dreux–Saint-Quentin).
Cela dit, à aucun moment, l’idée même de ne pouvoir rejoindre La capitale ne m’a effleurée. Tout au long de ce parcours, fort d’une première participation en 2011, j’ai n’ai jamais douté, prenant les étapes les unes après les autres sans me poser de questions.
Je remercie infiniment tous celles et ceux qui m’ont soutenu. Beaucoup ont consulté mon site, pendant ce périple et m’ont prodigué leurs encouragements. Cela fait chaud au cœur. Un petit mot sur mes accompagnateurs, qui se sont tout de suite pris au jeu, et qui ont été vraiment à la hauteur de leur tâche. Sans doute, ont ils été un peu déçus eux-mêmes que je n’atteigne pas le but fixé, mais ils ne l’ont jamais fait paraître. Encore merci à tous les deux.

Organisation

Un petit bémol au sujet le l’organisation. Pourquoi alors que nous venons de faire 1230 kms (bien tassés) nous faut-il encore faire 500 m à pied pour rejoindre le pointage? Une petite musique en sourdine à l’intérieur du vélodrome ne gênerait personne et diminuerait cette ambiance morne à l’arrivée, qui contraste tant avec le jour du départ. Un bon café-croissants aurait été préférable à l’arrivée, au lieu du plat de pâtes avec blanc de poulet (industriel et immangeable à 7 heures du matin). Même, à la rigueur, comme en 2011, un malheureux sandwich aurait été préférable. Donc, à l’arrivée, peut beaucoup mieux faire. Rendez-vous 2019, si la santé est toujours là, mais, certainement différemment.

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1 réponse

  1. Mocard dit :

    Bonsoir’
    Veste de survêtement de l’ucl hennebont’ donc deux sur le PBP avec les gâteaux la trinitaire … ma plaque de cadre A185

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